Couvent Saint-François, Corfou / Κέρκυρα

Couvent franciscain situé dans le borgo, il est dénommé “Les Cordeliers” dans certains récits de pèlerins. D’après Andrea Marmora, dans son Historia di Corfu, l’église Saint-Ange aurait été construite à cet emplacement sous le Despotat d’Épire (1214-1251) avant de devenir le katholikon d’un monastère féminin orthodoxe, abandonné sous les Angevins. En 1367, Philippe II de Tarente aurait restauré l’édifice, lieu de dédition de l’île à Venise, en 1386. Une inscription gravée sur une plaque de marbre commémorait cet événement sur la façade de Saint-François jusqu’au XIXe siècle. Chaque 20 mai, la commémoration de la dédition réunissait les laïcs et les clercs, grecs et latins, pour une liturgie selon les deux rites dans l’église franciscaine. Si le récit est vraisemblable, on ignore à quel moment la dédicace de l’église a changé, de Saint-Ange à Saint-François. En outre, les deux dédicaces perdurent dans les sources du XVIe siècle. 

L’église actuelle ne porte aucune trace du XIIIe siècle, à l’exception, peut-être, de la chapelle accolée au sud, dédiée à sainte Anne : de forme rectangulaire, l’édifice, restauré en 1850, comporte des éléments gothiques qui tendent à l’identifier avec l’ancienne église Saint-Ange. Suite au siège ottoman de 1571, l’église Saint-François a été rénovée, en 1621, selon les canons de l’architecture ionienne : l’église se présente sous la forme d’une basilique à nef unique couverte d’un toit en bois ; un volumineux campanile a été érigé au sud ; à l’intérieur de l’église, le bèma est surélevé. Le blason franciscain est visible sur le bénitier et derrière l’autel central. En plus de l’autel central dédié à saint François, quatre autels ont été érigés aux XVIIIe-XIXe siècles. Des plaques tombes commémorant des soldats, des nobles ou encore des membres de la confrérie des Saints-Jacques-et-Christophe ont été placées in situ ou bien transférées autour du grand autel aux XVIIe-XVIIIe siècles. 

Jusqu’en 1678, le sanctuaire n’a conservé aucune relique pouvant susciter la dévotion, et donc la générosité, des pèlerins. L’état de désolation dans lequel se trouve le couvent au XVe siècle est symptomatique du déclin de l’ordre franciscain dans les îles Ioniennes à cette époque. En 1524, le couvent est abandonné par tous ses moines et ses biens sont pillés. Un certain regain est toutefois visible au XVIIe siècle[1]. 

[1] Παγκράτης 1999, pp. 114, 117-122 ; Γαούτσης 1999, pp. 67-69 ; Γαούτσης 2001, pp. 325-337, 339-342 ; Ασωνίτης 2009, p. 559 ; Καραπιδάκης 2011, p. 146 ; Tsougarakis 2012, pp. 138-139 ; Dermitzaki 2021, pp. 66-75.