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Antichambre du logis du château franc, Nauplie / Ναύπλιο

Description :

Découverte par l’ingénieur allemand Wulf Schaefer en 1956-1958, l'antichambre du logis du château franc de Nauplie, en Argolide, était ornée de fresques, aujourd’hui presque entièrement évanouies[1]. Il s'agit d'un exemple rare - sinon unique - de décor peint conservé en contexte urbain et résidentiel en Grèce franque. L’identité franque des commanditaires se reflète dans la présence d’inscriptions en latin, d’images de saints largement vénérés en Occident, comme Jacques le Majeur qui attire les foules en son sanctuaire de Compostelle, et de motifs iconographiques appréciés en Occident et chez les Latins en Orient, tel l’Agnus dei. Toutefois, le décor monumental peut être considéré avec certitude comme une commande franque, grâce aux blasons armoriés jadis visibles au-dessus de la porte. Schaefer a reconnu les armes de trois seigneurs : Hugues de Brienne, comte de Lecce, Isabelle de Villehardouin, fille de Guillaume II de Villehardouin, et Florent de Hainaut, prince d’Achaïe et second époux de cette dernière de 1289 à 1297. Pour l’ingénieur allemand, les fresques de Nauplie ont été commandées par Hugues de Brienne, qui gouverne le duché d’Athènes en tant que bailli entre 1291 et 1294. Schaefer a également interprété le décor peint comme une expression de la trêve conclue entre les Byzantins et la principauté d’Achaïe en 1290-1291. Cependant, dans un article plus récent, Monika Hirschbichler propose d’identifier les armoiries, jadis attribuées à Florent de Hainaut, à Antoine le Flamenc, le commanditaire des peintures de l’église Saint-Georges d’Akraifnio, en Béotie. Quoi qu’il en soit, la datation du décor monumental de Nauplie doit être située entre 1291, année durant laquelle Hugues de Brienne commence à gouverner le duché d’Athènes, et 1311, lorsque les Catalans s’en emparent après leur victoire à la bataille d’Halmyros. Le décor monumental, attribué à un artiste grec local, s’inscrit dans la production picturale du XIIIe siècle qui s’observe dans plusieurs églises de rite byzantin du Péloponnèse. Il a été complété par une seconde campagne, intégrant un guerrier sans nimbe et un personnage à la peau noire, probablement un cynocéphale. Ces figures ont été reliées aux aventures d’Alexandre le Grand en Inde et aux récits du Roman d’Alexandre. La perte de Nauplie par les Francs en 1389 fournit un terminus ante quem pour sa datation. Les fresques de Nauplie reflètent la manière dont les Francs installés dans les territoires grecs ont utilisé la peinture byzantine et le passé antique afin d'affirmer leur légitimité à exercer le pouvoir en Grèce.

[1] Schaefer 1961 ; Hirschbichler 2005 ; Gerstel 2001, pp. 265-268, 278-279, fig. 1, 3 ; Kalopissi-Verti 2015, pp. 376, 378-379.

Place : Péloponnèse
Coordinates : 37.563758701028, 22.79828142535
Period : franque
Type : Architecture militaire : ports, fortifications, tours isolées, châteaux.
Bibliography :

Gerstel, Sharon E. J. « Art and Identity in the Medieval Morea », dans : Laiou, Angeliki E. et Mottahedeh, Roy Parviz (éd.), The Crusades from the Perspective of Byzantium and the Muslim World, Washington, D.C. : Dumbarton Oaks Research Library and Collection, 2001, pp. 263-285.

Hirschbichler, Monika. « The Crusader Paintings in the Frankish Gate at Nauplia, Greece: A Historical Construct in the Latin Principality of Morea », Gesta, 2005, vol. 44, n° 1, pp. 13-30.

Read online : https://www.journals.uchicago.edu/doi/10...

Kalopissi-Verti, Sophia. « Monumental Art in the Lordship of Athens and Thebes under Frankish and Catalan Rule (1212-1388): Latin and Greek Patronage », dans : Tsougarakis, Nickiphoros I. et Lock, Peter (éd.), A Companion to Latin Greece, Leyde, Boston (Mass.) : Brill, 2015, pp. 369-418.

Schaefer, Wulf. « Neue Untersuchungen über die Baugeschichte Nauplias im Mittelalter », Jahrbuch des Deutschen Archaeologischen Instituts, 1961, vol. 76, pp. 156-214.

Editorial : Meyer-Fernandez, Geoffrey
Last update : 23/09/2024
Permalink : https://frankika.efa.gr/en/node/9658