Nicosie (ateliers de potiers)
Des ateliers de potier étaient en activité à Nicosie aux xiiie et XIVe siècle comme en atteste la fouille du terrain de l’Archiepiskopi conduite par F. Hadjichristofi dans le cadre du Département des Antiquités de Chypre.
Plusieurs fosses dépotoirs contenaient des surcuits, des sous-cuits et des pernettes attestant une production locale sans qu’il ait été possible de localiser exactement l’emplacement de l’atelier. Les artisans réalisaient des poteries sans revêtement et de la vaisselle glaçurée tournées dans d’une marne argileuse. La pâte calcaire, claire, beige à orange pâle, contient de petites inclusions noires et rouges et de plus grosses inclusions blanches.
La production se présente sous la forme de coupes émaillées, parfois peintes en vert ou en vert et brun, montées sur une base annulaire à disque interne. La glaçure plombifère opacifiée à l’étain n’était pas utilisée dans le monde byzantin ni dans les États francs tandis qu’au Proche-Orient islamique, au XIIIe siècle, l’émail ne servait plus que pour d’exceptionnelles céramiques peintes au lustre métallique sans aucun rapport avec les céramiques trouvées à Nicosie. L’origine de l’émail à Chypre est plutôt à chercher du côté de l’Occident, les initiateurs de cette technique étant probablement des artisans musulmans venus de Sicile ou d’Italie du Sud au cours de la première moitié du XIIIe siècle. Établis dans la capitale des Lusignan ils réalisaient des faïences aux formes lourdes, parfois peintes en vert ou en vert et brun.
D’autres catégories de produits ont également fabriquées à Nicosie aux xiiie et xive siècles. Il y a d’une part des coupelles à panse profonde hémisphérique et petit marli épais légèrement incliné ou des coupes à lèvre dans le prolongement de la panse épaisse, couvertes d’une glaçure alcalino-plombifère de couleur jaunâtre ou verdâtre appliquée directement sur la pâte ou parfois sur un jus pauvre d’engobe blanc.
Il semble qu’une production sans revêtement et glacurée au plomb était encore réalisée dans ces officines au XVIe siècle comme en témoignent deux autres sites de découverte dans la capitale, celui de la Maison Michaelides et celui du couvent cistercien de Saint Théodore.
Bibliographie
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François, Véronique. « Poteries des fosses dépotoirs du site de l’Archiepiskopi à Nicosie (fin xiie-xvie siècles) : les vestiges d’une production locale sous les Lusignan », Bulletin de Correspondance Hellénique, 141, 2017, pp. 822-859.https://hal.science/hal-01867147v1
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