Appel à communications : Colloque international "Camille Enlart et Albert Gabriel, historiens de l’art et archéologues de la Grèce franque"
Appel à communication- Camille Enlart & Albert Gabriel
Colloque | Camille Enlart et Albert Gabriel, historiens de l’art et archéologues de la Grèce franque
Dates : 23 & 24 octobre 2025
Lieu : Fondation Marc de Montalembert, Rhodes
Organisé par l’École française d’Athènes et le GRHis (UR 3831)
Date limite d’envoi : 02 janvier 2025
Contact & Information : frankika@efa.gr
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Camille Enlart (1862-1927) et Albert Gabriel (1883-1972) font partie des savants qui ont marqué durablement les travaux sur l’histoire de l’art et l’archéologie de la Grèce latine. Ancien membre de l’École française de Rome, Camille Enlart fut le premier à étudier les monuments de Chypre aux époques franque et vénitienne en tant qu’objets scientifiques. Albert Gabriel, quant à lui, offrit la première analyse complète de la Cité des Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem à Rhodes. Ces deux pionniers, dont les travaux respectifs portaient également sur les monuments médiévaux de la France septentrionale et ceux d’Anatolie, ont participé à la construction du domaine scientifique que constitue la Grèce latine.
Formés à l’École des beaux-arts, Camille Enlart et Albert Gabriel voyagèrent, apportant avec eux appareils photographiques et carnets de croquis. Leur apport le plus significatif réside dans la documentation, extrêmement riche, d’édifices, dont la plupart ont subi des travaux de consolidation ou de restauration, parfois très lourds, quand ils n’ont pas été ruinés ou ont disparu entièrement. Servant de base à leurs cours et conférences, ces clichés et relevés illustrent aussi les publications des deux savants et assurent une assise indiscutable à leurs synthèses. Documentant l’aspect originel des monuments médiévaux, ils constituent un matériel archivistique précieux et indispensable, dont certaines pièces n’ont pas encore fait l’objet d’une publication ou d’une étude.
Historiens de l’art, Camille Enlart et Albert Gabriel étaient aussi archéologues. Le premier effectua des fouilles dans des églises de Famagouste en 1901 qui mirent au jour un matériel éclairant l’histoire de ces monuments chypriotes. Âgé de seulement vingt-cinq ans, le second devint l’architecte de l’École française d’Athènes pour des fouilles entreprises à Délos de 1908 à 1911. Il participa ensuite à des chantiers en Égypte et en Turquie. L’impact de l’archéologie sur la méthodologie développée par les deux savants attend d’être évalué.
Hommes de terrain, Camille Enlart et Albert Gabriel étaient également des enseignants dont la renommée dépassait les frontières de la France. Le premier fut sollicité par des académies, sociétés et universités européennes et américaines. Quant au second, il fut maître de conférences à la Faculté des Lettres de Caen en 1923, puis, deux ans plus tard, à l’Université de Strasbourg, avant de dispenser des cours, un an plus tard, à la Faculté des Lettres d’Istanbul. L’influence des enseignements de Camille Enlart et d’Albert Gabriel sur les générations d’élèves qu’ils formèrent n’a, à ce jour, pas encore été appréciée.
Ces savants ont été aussi des hommes de leur temps. Si le discours colonialiste et francocentré de Camille Enlart a été reconnu et replacé dans son contexte contemporain, la pensée idéologique d’Albert Gabriel reste obscure. Or, le premier Directeur de l’Institut Français d’archéologie (actuel IFEA), celui que l’ambassadeur de Turquie à Paris surnommait « le plus turc des Français », représente une figure privilégiée pour approfondir nos connaissances sur les relations diplomatiques entre la France et l’Empire ottoman à la veille de sa disparition d’une part, et, d’autre part, apprécier la manière dont un historien de l’art et archéologue perçut l’occupation italienne du Dodécanèse (1912-1943).
Le but de la rencontre vise à replacer les travaux de Camille Enlart et d’Albert Gabriel dans leur contexte d’élaboration, à souligner leurs apports au domaine que constitue la Grèce latine ainsi qu’à relever les avancées de la recherche plus d’un siècle après leur parution ; plusieurs thèmes de réflexion peuvent être suggérés :
- la place des travaux de Camille Enlart et d’Albert Gabriel dans l’historiographie de la Grèce latine ;
- l’idéologie d’Albert Gabriel dans le contexte des relations entre la France et l’Empire ottoman, puis de l’occupation italienne du Dodécanèse ;
- leurs voyages en Grèce et à Chypre et leur regard sur les vestiges médiévaux ;
- leurs relations avec les diplomates, archéologues et historiens de l’Orient latin ;
- le matériel qu’ils ont rassemblé au cours de leurs missions (photographies, relevés, dessins), sa mise en valeur et son exploitation par la recherche ;
- la réception de leurs travaux en France, en Grèce et à Chypre ;
- l’impact de leurs enseignements sur les générations d’historiens de l’art et d’archéologues qu’ils formèrent ;
- leur rapport à l’art byzantin et, plus largement, aux cultures de l’Orient méditerranéen ;
- leur rapport à l’archéologie et l’influence de cette discipline sur leur méthodologie et leur analyse des monuments.
Cette liste n’épuise pas tous les thèmes de recherche possibles sur les figures de Camille Enlart et Albert Gabriel. Toute proposition de communication sera examinée.
Les communications, délivrées en français, grec, anglais ou italien, feront l’objet d’une pré-publication sur la plateforme numérique (https://frankika.efa.gr/fr/travaux) avant une publication papier par les Éditions de l’École française d’Athènes.
Ce colloque s’inscrit dans le cadre du programme Écrire l’histoire de la Grèce franque, porté par l’École française d’Athènes et le GRHis (UR 3831). Il prend la suite des rencontres précédemment organisées autour de Charles Du Cange (Mont Saint-Aignan, 2022), de Jean-Alexandre Buchon (Athènes, 2023) et de Louis de Mas Latrie (Nicosie, 2024).
Titre et résumé (de 100 à 150 mots) à proposer avant le 2 janvier 2025.
Contact : frankika@efa.gr