La période de la domination franque/latine en Grèce manque de reconnaissance institutionnelle du fait de déterminations épistémologiques valorisant l’Empire byzantin comme structure essentielle de l’hellénisme médiéval. Pourtant vieux de quatre siècles, le domaine scientifique que constitue la Grèce franque/latine reste encore en friche en dépit de la multiplication des études et des publications de sources depuis les quarante dernières années.
La convention épistémologique pose la φραγκοκρατία comme la période pendant laquelle des pays grecs furent soumis aux « Francs », ethnonyme qui fédère les nations occidentales ayant participé aux croisades ou ayant gouverné des territoires enlevés à l’Empire byzantin. Si le mouvement précède la Première croisade, puisque les Normands évincent le pouvoir impérial d’Italie du Sud en 1071, l’usage considère que la domination franque et italienne s’étend de 1191, quand Richard Cœur de Lion capture Chypre, à 1797, lorsque la domination vénitienne dans les îles Ioniennes est abrogée. Dans ce processus, la distinction des « nations » ne repose sur aucune réalité tangible, puisque les Occidentaux s’associent dans l’établissement d’institutions de type féodal et de rite latin, quelles que soient les spécificités des situations locales. Ainsi, la Grèce franque/latine inclut les territoires grecs passés sous le contrôle de familles d’origine française ou italienne, des Hospitaliers, des Vénitiens, des Génois, de mercenaires catalans ou navarrais, autant de « nations » qui défendent des conceptions politiques et religieuses profondément distinctes de celles de l’Empire byzantin.
L’objectif du portail Φραγκικά-Frankika vise à offrir aux étudiants et aux chercheurs travaillant sur la Grèce franque/latine des outils de recherche numériques, mis à la disposition selon les règles de la « science ouverte » défendues par l’École française d’Athènes. Sur une base collaborative, progressivement enrichie, seront disponibles :
- Des ressources sur les textes fondamentaux à la connaissance de la période ; y figureront exclusivement des sources présentées à travers des notices bibliographiques renseignant l’histoire et l’exégèse du document.
- Une carte de la Grèce franque/latine mettra à disposition des ressources archéologiques et bibliographiques associées aux monuments de l’époque, par le biais d’un SIG spécifique, sorte d’atlas géographique de la Grèce franque/latine, où à chaque lieu/monument sera attachée une bibliographie, qui pourra être alimentée à partir des chroniques archéologiques de périodiques (BCH, ABSA, ΔΧΑΕ, RDAC...), ou à partir des principales études spécialisées.
- Le SIG appelle à être complété de données archéologiques, épigraphiques, prosopographiques fournies à partir de corpus en cours de constitution.
Le portail Φραγκικά-Frankika s’intègre aux activités du programme Écrire l’histoire de la Grèce franque, qui interroge l’épistémologie de la discipline. Il offre, en pré-publication, les études présentées lors de journées d’études et de colloques consacrés à des savants ayant participé à la construction du domaine historiographique. Enfin, le portail garde la mémoire vidéo des webinaires réguliers organisés par l’École française d’Athènes, et qui ont été consacrés aux présentations d’ouvrages récents enrichissant la réflexion en différents domaines, comme l’histoire politique et sociale, l’histoire des institutions, l’histoire de la culture et de l’art.
Le site web Φραγκικά-Frankika est hébergé par l’École française d’Athènes, bénéficie de son soutien technique et matériel ; le site web a été conçu et développé par Chavdar Tzochev, avec la collaboration de Laure Franceschi (responsable de la bibliothèque), de Louis Mulot (responsable des services informatiques) et de la Direction des études modernes et contemporaines.
Ouvert à la collaboration, le site web est ouvert aux corrections, adjonctions et remarques qui peuvent lui être signalées à l'adresse de contact.