Église du Christ-Sauveur / Αφέντη Χριστού, Pano Karkassion / Πάνω Καρκασίων
Les deux monastères des Saints-Apôtres et du Christ-Sauveur à Karkassion sont reliés par un étroit chemin. Le Christ-Sauveur existait avant la fondation de la Théotokos de Vaionia, en 1399, puisque Neilos Damilas y réside pendant la construction de son monastère. Toutefois, N. Psilakis ne rejette pas l'hypothèse d'une fondation du Christ-Sauveur à l'époque byzantine. Pourtant, une inscription dédicatoire gravée au-dessus de la fenêtre sud, datée des XIVe ou XVe siècle, mais lacunaire, mentionne le prêtre Gérasimos, peut-être Foules, Maria, ainsi que, probablement, d'autres fondateurs du monastère. À l'époque de Neilos Damilas, le Christ-Sauveur est vraisemblablement masculin. Une inscription du katholikon, datée de 1436, atteste la venue d'un membre de la famille Dono ; une autre, datée de 1479, prouve la fréquentation continue de l'église. Toutefois, avant 1527, le monastère est abandonné puisqu'il doit être refondé afin d'accueillir des moniales. N. Psilakis doute qu'il ait alors existé un monastère double à Karkassion. En 1527, les Saints-Apôtres, le Christ-Sauveur et le Grand-Jean Prodrome, dit Koutou, passent sous l'autorité du même higoumène, Anthimos Dono, avec l'accord du feudataire du lieu, Giacomo Barozzi. En 1540 et 1541, deux visiteurs laissent la trace de leur passage dans le katholikon sans qu'on puisse les identifier. La communauté monastique du Christ-Sauveur survit assurément en 1541, au moment où elle est transformée en monastère cénobitique qui accueille au moins deux moines et une moniale, ce qui relance la question de l'existence de monastères doubles à Karkassion. Enfin, au XVIIe siècle, les deux monastères des Saints-Apôtres et du Christ-Sauveur entrent dans la mense du patriarche d'Alexandrie : l'économe a sans doute séjourné au Christ-Sauveur.
Comme aux Saints-Apôtres, des bâtiments en ruine longent le katholikon à l'ouest : l'activité sismique de la région rend difficile la lecture du paysage bâti à l'époque où fonctionnait le monastère. En outre, comme aux Saints-Apôtres, les bâtiments annexes en ruine ont été utilisés comme habitations, en particulier par des familles rescapées des massacres perpétrés par les nazis à Viannos et Iérapétra en 1943. Ils ont donc subi de nombreuses transformations. D'après N. Psilakis, ces bâtiments ont été construits sur des fondations monastiques ; d'autres ont dû servir de bâtiments annexes au monastère ; d'autres, enfin, ont dû être loués par le monastère. Ils sont orientés vers la mer, au sud, et non vers le katholikon ; dans leur forme actuelle, il n'y a pas d'accès direct entre ces bâtiments et le sanctuaire.
Quant au katholikon, il est à nef unique et décoré de fresques du XVe siècle représentant la Crucifixion, le Baptême, la Transfiguration, l'Ascension, l'Annonciation, les Pères de l'Église, le Christ en majesté, la Vierge et saint Jean. Les graffitis datent des XVe-XVIIe siècles[1].
[1] Μαυρομάτης 1994, p. 91, n° 61, 213, 215 ; Gerola, 1932, IV, p. 580 ; Gerola 1961, p. 101 ; Ψιλάκης 1993, II, pp. 520-521 ; Τσουγκαράκης, Αγγελομάτη-Τσουγκαράκη 2000, p. 717 ; Tsougarakis, Angelomatis-Tsougarakis 2003, pp. 544-548 ; Τσουγκαράκης, Αγγελομάτη-Τσουγκαράκη 2015, p. 217.
Gerola, Giuseppe. Monumenti Veneti nell’isola di Creta. Venise : Istituto veneto di scienze, lettere ed arti, 1905-1932, 4 vols.
Gerola, Giuseppe et Λασσιθιωτάκης, Κώστας Ε. Τοπογραφικός κατάλογος των τοιχογραφημένων εκκλησιών της Κρήτης. Ηράκλειο : Έκδοσις Εταιρίας Κρητικών Ιστορικών Μελετών, 1961.
Voir en ligne : https://repository.librarychania.gr/tekm...
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Μαυρομάτης, Γιάννης Κ. (éd.). Ἰωάννης Ὁλόκαλος, νοτάριος Ἱεραπέτρας: κατάστιχο, 1496-1543. Βενετία : Ελληνικό Ινστιτούτο Βυζαντινών και Μεταβυζαντινών Σπουδών Βενετίας / Istituto Ellenico di Studi Bizantini e Postbizantini di Venezia, 1994.
Τσουγκαράκης, Δημήτρης et Αγγελομάτη-Τσουγκαράκη, Ελένη. Σύνταγμα (Corpus) χαραγμάτων εκκλησιών και μονών της Κρήτης. Αθήνα : Κέντρον Ερεύνης του Μεσαιωνικού και Νέου Ελληνισμού της Ακαδημίας Αθηνών, 2015.
Τσουγκαράκης, Δημήτρης et Αγγελομάτη-Τσουγκαράκη, Ελένη. « Ανέκδοτα χαράγματα και επιγραφές απο μονές και ναούς της Κρήτης », dans : Κακλαμάνης, Στέφανος, Μαρκόπουλος, Αθανάσιος Φ. et Μαυρομάτης, Γιάννης Κ. (éd.), Ενθύμησις Νικολάου Μ. Παναγιωτάκη, Ηράκλειο : Πανεπιστημιακές εκδόσεις Κρήτης, Βικελαία Δημοτική Βιβλιοθήκη Ηρακλείου, 2000, pp. 681-732.
Ψιλάκης, Νίκος. Μοναστήρια και ερημητήρια της Κρήτης. Ηράκλειο : Νίκος Ψιλάκης, 1993.