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Château, Akova (Matagrifon) / Άκοβας

Description :

Le château d'Akova se situe sur un promontoire rocheux qui culmine à environ 770 mètres. En contrebas, le promontoire est délimité par des chemins de terre quasiment en fond de vallée et cerné par les montagnes. L'une d'entre elle accueille le village de Galatas (Γαλατάς), encore présent aujourd'hui et reporté sur les cartes de l'expédition de Morée. Il n'y a pas de cours d'eau à proximité, le plus proche étant un affluent de la rivière Rouphias, au sud du site, également visible sur les cartes du XIXe siècle. Le site est recouvert presque en totalité par la végétation, à l'exception de petites zones dégagées où vont paître les troupeaux de moutons. La végétation semble encore plus dense que sur les photographies d'Ernst Meyer et d'Antoine Bon.

Il reste très peu de traces des fortifications médiévales. Au nord-ouest du site, les portions de ce qui devait être la grande enceinte du site, signalées par Ernst Meyer et Antoine Bon, ne sont plus visibles[1]. De même, l'église mentionnée par les deux auteurs, au nord, à l'intérieur de l'enceinte, est difficile à identifier désormais du fait du couvert végétal. Dès l'époque des deux auteurs, la portion sud du mur en contrebas était presque complètement effondrée. Seules deux tours relativement proches, l'une légèrement plus en contrebas par rapport à l'autre, se distinguent clairement. Enfin, au sommet du site, la base d'une tour d'environ 5 mètres de haut est encore debout, ce qui correspondait au donjon selon Antoine Bon. Autour de ce donjon, sous le couvert forestier, nous pouvons relever des murets qui ont pu former un ensemble de bâtiments ou alors une seconde enceinte. Selon Antoine Bon, l'enceinte principale devait être grossièrement de forme triangulaire, avec des côtés entre 100 et 200 mètres.

Ernst Meyer prétend qu'avant l'arrivée des Francs l'endroit correspondait à la petite ville de Kallia ou Dipoina[2]. En l'état, il est probable que le site ait été avant tout fortifié par les Francs, sans doute dans le sillage de leurs conquêtes, au cours de la décennie 1210. Le surnom de "Matagrifon" (la tueuse de Grecs) donné à la forteresse semble faire écho aux combats qui eurent lieu contre les Grecs dans cette région.

Toutes les versions de la Chronique de Morée s'accordent pour décrire Akova comme le siège de la baronnie la plus importante de la Principauté de Morée, avec 24 fiefs de chevaliers sous son contrôle. Elle se trouva aux mains de la famille champenoise "de Rosières" dont la généalogie reste obscure et pour laquelle les indications chronologiques manquent. Le premier représentant de la famille serait un certain Gautier, auquel succéda peut-être un Gautier II ou un Geoffroy de Rosières[3]. La mort sans héritiers mâles du baron d'Akova entre les années 1260 et 1270 ouvrit une querelle de succession qui impliqua la nièce du défunt seigneur voulant réclamer son héritage familial auprès du prince de Morée, Guillaume II de Villehardouin. Cette nièce s'appelait peut-être Marguerite - même si une autre hypothèse l'identifie comme Catherine, par ailleurs petite-nièce du prince de Morée[4]

La baronnie finit par revenir à Marguerite de Villehardouin, la seconde fille de Guillaume II, connue comme la "dame d'Akova". Ses biens finissent confisqués par la cour angevine de Naples en 1315, date de sa mort. Le testament de Marguerite nous indique plusieurs biens immeubles et meubles qu'elle détenait dans sa baronnie, dont la chapelle Saint-Georges d'Akova.

Le gouverneur byzantin de Mistra, Andronic Asên, finit par s'emparer d'Akova en 1320. Au XVe siècle, la place fut disputée entre Byzantins et Turcs et subit d'importantes destructions[5].

 

[1] Meyer 1939, pl. III ; Bon 1969, vol. I, p. 634-635, vol. II, pl. 83.

[2] Meyer 1939, p. 48-52.

[3] Ortega 2012, p. 643.

[4] Van Tricht 2020, p. 71-72.

[5] Bon 1969, p. 393-396

Place : Péloponnèse, Arcadie
Coordinates : 37.718447132477, 21.988058281755
Period : Frankish
Type : Military architecture: ports, fortifications, isolated towers, castles
Bibliography :

Bon, Antoine. La Morée franque: recherches historiques, topographiques et archéologiques sur la principauté d'Achaïe (1205-1430). Paris : E. de Boccard, 1969, xviiii + 746 ; xx + 164 de pl. pp.

Read online : https://cefael.efa.gr/detail.php?site_id...

Find the document : https://www.sudoc.fr/006682960...

Meyer, Ernst. Peloponnesische Wanderungen. Zürich-Leipzig : Max Niehans Verlag, 1939

Find the document : https://www.sudoc.abes.fr/cbs/DB=2.1//SR...

Ortega, Isabelle. Les lignages nobiliaires dans la Morée latine, XIIIe-XVe siècle: permanences et mutations. Turnhout : Brepols, 2012, 704 pp.

Find the document : https://www.sudoc.fr/161052819...

Tricht, Filip Van. « Latin Emperors and Serbian Queens: Anna and Helena. Genealogical and Geopolitical Explorations in the Post-1204 Byzantine World », Frankokratia, 2020, vol. 1, n° 1-2, pp. 56-107.

Read online : https://brill.com/view/journals/fra/1/1-...

Note : Latin Constantinople in the 1240s and 1250s has often been considered a ripe fruit waiting to fall into the hands of one of the competing political entities in the region (Nicaea, Epiros, Bulgaria, etc.). This paper argues, on the contrary, that under Emperor Baldwin II (1240-1273) the Latin Empire remained a dynamic power in the post-1204 Byzantine world. The basis for this re-evaluation is a revisionist study of the genealogical relations between a number of leading families in the region (among others the Villehardouin, Da Verona, and Cayeux), creating networks both within Latin Romania and beyond. One of the main hypotheses advanced is that two Serbian queens – Stefan Nemanja’s third wife Anna (of Hainaut) and Stefan Uroš I’s wife Helena (Angelos/Courtenay) – were in fact what one might call Latin imperial princesses. This in turn leads to a reconsideration of Latin-Serbian relations in the period 1204-1261.

Editorial : Hasdenteufel, Simon
Last update : 16/10/2025
Permalink : https://frankika.efa.gr/en/node/17124