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Église Saint-Philon / του Αγίου Φίλωνος, Agridia / Αγρίδια

Description :

L’église d’Agridia, munie d’une nef unique voûtée en berceau, est datée de la fin du XIIe siècle par son décor peint de style tardocomnène[1]. Au XIIIe siècle, une chapelle lui est accolée au sud et un portique à arcs brisés est édifié au XIVe ou XVe siècle devant sa façade nord[2]. Une fresque du dernier quart du XIIIe siècle conservée partiellement à l’entrée du bèma de l'église primitive, dans une arcade aveugle ménagée dans le mur nord, dans le prolongement du templon (disparu), représente un saint évêque (très certainement Philon, le titulaire de l'église), aux pieds duquel prennent place quatre figures féminines, rendues à plus petite échelle[3]. Le geste de prière et les vêtements des suppliantes autorisent à les identifier à des Latines, probablement des moniales. La mise au jour de plusieurs tombes dans la chapelle méridionale[4] trahit la fonction commémorative ou votive de leur commande picturale. Cette dernière doit être associée à la présence franque dans la partie orientale du Carpasse. Le casal d’Agridia est mentionné à partir de 1309. La tradition en fait un domaine foncier des Francs[5]. On sait qu’il a été donné par le roi Jacques II (1460-1473) à Jean Philibert[6]. La localité désertée d’Aphendrika, située à environ 2 km au nord de l’église Saint-Philon, correspond au Chef – ou Chief – franc. Avec Famagouste, Limassol et Paphos, ce dernier occupe le rang de chef-lieu d’un bailliage royal, l’une des cinq circonscriptions du royaume qui s’étendent sur l’ensemble des contrées situées autour d’elles. Attestée en 1355, l’institution de ces bailliages royaux remonte au siècle précédent. Le Chef semble perdre de son importance au XIVe siècle[7]. Malgré son caractère incomplet et difficile à cerner, la fresque d’Agridia constitue un témoin précieux de l’embellissement d’une église grecque du Carpasse par des Latins et de leur appropriation d’un culte local de tradition byzantine. De plus, la présence, dans un sanctuaire grec, d’une effigie de saint Philon commandée par des moniales semble être en conformité avec l’appropriation du culte de certains saints locaux par l’Église latine de Chypre à partir du milieu du XIIIe siècle[8].

[1] Χοτζάκογλου 2010, pp. 442-444, fig. 17-18 ; Papageorgiou 2010, pp. 349, 351-355.

[2] Kaffenberger 2020, vol. 2, no 222, pp. 412-413.

[3] Meyer-Fernandez à paraître.

[4] Papageorgiou 2010, pp. 349-350, fig. 1.

[5] Grivaud 1998, pp. 151, 155.

[6] Mas Latrie 1879, p. 403.

[7] Richard 1976, p. 121, n. 1 ; Richard 1983, p. 161, n. 11.

[8] Meyer-Fernandez à paraître.

Région : Chypre
Coordonnées : 35.631, 34.44937
Période : byzantine, franque
Type : Architecture religieuse : église, cathédrale, monastère, chapelle, oratoire, cimetière
Bibliographie :

Grivaud, Gilles. « Villages désertés à Chypre (fin XIIe - fin XIXe siècle) », Μελέται καὶ Υπομνήματα, 1998, vol. 3, pp. 1-604.

Voir en ligne : https://hal.science/hal-04168874v1...

Kaffenberger, Thomas. Tradition and Identity. The Architecture of Greek Churches in Cyprus (14th to 16th Centuries). Wiesbaden : Reichert Verlag, 2020.

Mas Latrie, Louis de. L’île de Chypre : sa situation présente et ses souvenirs du Moyen Âge. Paris : Librairie de Firmin-Didot et Cie, 1879.

Voir en ligne : https://olympias.lib.uoi.gr/jspui/handle...

Meyer-Fernandez, Geoffrey. Commanditaires et peintres à Chypre sous les Lusignan (1192-1474) : images d'un royaume multiculturel. Athènes : École française d'Athènes, à paraître.

Papageorgiou, Athanasios. Christian Art in the Turkish-Occupied Part of Cyprus. Nicosie : The Holy Archbishopric of Cyprus, 2010.

Richard, Jean. « La révolution de 1369 dans le royaume de Chypre », dans : Orient et Occident au Moyen Âge : contacts et relations (XIIe-XVe s.), Aldershot : Variorum, 1976, pp. 108-123 (1re éd. Bibliothèque de l’École des Chartes 110, 1952).

Voir en ligne : https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_...

Richard, Jean. « Le peuplement latin et syrien en Chypre au XIIIe siècle », dans : Croisés, missionnaires et voyageurs : les perspectives orientales du monde latin médiéval, Londres : Variorum Reprints, 1983, pp. 157-173 (1re éd. Byzantinische Forschungen 7, 1979).

Χοτζάκογλου, Χαράλαμπος. « Η εντοίχια μνημειακή διακόσμηση στους ναούς της Καρπασίας (4ος-15ος αι.) », dans : Παπαγεωργίου, Παναγιώτης (éd.), Καρπασία. Πρακτικά Α' Επιστημονικού Συνεδρίου "Ες γηv τωv Αγίωv και τωv Ηpώωv", Σάββατο 4 και Κυριακή 5 Απριλίου 2009, Ξενοδοχείο Navarria, Λεμεσός, Λεμεσός : Σωματείο Ελεύθερη Ενιαία Καρπασία, 2010, pp. 422-460.

Rédaction : Meyer-Fernandez, Geoffrey
Dernière mise à jour : 20/09/2024
Permalien : https://frankika.efa.gr/fr/node/9580