Église de la Panagia Angeloktisti / της Παναγίας της Αγγελόκτιστης, Kiti / Κίτι
L'église de la Panagia Angeloktisti à Kiti est le résultat de plusieurs campagnes de construction et de rénovation entreprises entre l'Antiquité tardive (peut-être le Ve siècle) et le début du XXe siècle[1]. Ce sanctuaire, dont le caractère vénérable transparaît dans la célèbre mosaïque de la fin du VIe ou du VIIe siècle ornant la conque de son abside, est embelli sous le règne des Lusignan. Dans la première moitié du XIIIe siècle, une effigie en pied de saint Jean-Baptiste est peinte, dans le naos, sur la face orientale du pilier nord-est. Elle intègre l'inscription votive d'un certain Léon Aniphantaris. Le texte à caractère eschatologique inscrit sur le rouleau déployé du Prodrome et la découverte, sous le pavement de l'église, de nombreuses tombes médiévales[2] suggèrent une fonction commémorative pour ce panneau monumental[3]. La fonction funéraire de la Panagia Angeloktisti est attestée sous le règne des Lusignan, lorsque le village de Kiti est intégré au fief franc du Quid, propriété des Lusignan, de la branche du prince de Galilée, jusqu’au règne de Jacques II (1460-1473)[4]. Vers 1300, une chapelle gothique est édifiée au sud de l’église, espace abritant de nombreuses sépultures[5], parmi lesquelles celle de la dame franque Simone de Gibelet, décédée le 3 novembre 1304, dont la plate-tombe est conservée in situ[6].
[1] Sur l’architecture complexe de cette église, voir Papacostas 1999, vol. 2, no 7, pp. 6-7 ; Foulias 2012.
[2] Ces sépultures ont été révélées par des sondages archéologiques : Karageorghis 1960, p. 297 ; Hadjicosti 2016, pp. 33-34.
[3] Meyer-Fernandez à paraître.
[4] Gunnis 1936, p. 272 ; Grivaud 2009, p. 226.
[5] Enlart 1899, vol. 2, pp. 440-441, fig. 290 ; Olympios 2018, pp. 169-172, fig. 283-289. Sur les découvertes archéologiques, voir Hadjicosti 2016, pp. 33-34.
[6] Imhaus (éd.) 2004, vol. 1, pp. 142-143, 525, pl. 121, et vol. 2, p. 243, pl. 285, F. 271.
Enlart, Camille. L’art gothique et la Renaissance en Chypre. Paris : E. Leroux, 1899.
Voir en ligne : https://1886.u-bordeaux-montaigne.fr/s/1...
Foulias, Andreas M. The Church of Our Lady Angeloktisti at Kiti, Larnaka: A Visitor’s Guide. Nicosie, 2012 (1re éd. Nicosie, 2004).
Grivaud, Gilles. Entrelacs chiprois : essai sur les lettres et la vie intellectuelle dans le royaume de Chypre, 1191-1570. Nicosie : Moufflon Publications, 2009., 359 pp.
Voir en ligne : https://normandie-univ.hal.science/hal-0...
Gunnis, Rupert. Historic Cyprus: A Guide to Its Towns and Villages, Monasteries and Castles. Londres : Methuen & Co., 1936.
Hadjicosti, Maria. Annual Report of the Department of Antiquities For the Year 2010. Nicosie, 2016.
Imhaus, Brunehilde (éd.). Lacrimae Cypriae : Les larmes de Chypre ou Recueil des inscriptions lapidaires pour la plupart funéraires de la période franque et vénitienne de l’île de Chypre. Nicosie : Département des Antiquités de Chypre, 2004.
Karageorghis, Vassos. « Chronique des fouilles et découvertes archéologiques à Chypre en 1959 », Bulletin de Correspondance Hellénique, 1960, vol. 84, n° 1, pp. 242-299.
Voir en ligne : https://www.persee.fr/doc/bch_0007-4217_...
Meyer-Fernandez, Geoffrey. Commanditaires et peintres à Chypre sous les Lusignan (1192-1474) : images d'un royaume multiculturel. Athènes : École française d'Athènes, à paraître.
Olympios, Michalis. Building the Sacred in a Crusader Kingdom: Gothic Church Architecture in Lusignan Cyprus, c. 1209-c. 1373. Turnhout : Brepols, 2018.
Papacostas, Tassos. Byzantine Cyprus. The Testimony of its Churches, 650-1200. Thèse de doctorat. University of Oxford, 1999.